Pousse-tout fleurit

«Pousse-tout fleurit» est une lithographie rehaussée au pastel de Constant (1920-2005). Réalisée durant l’époque à laquelle l’artiste appartenait au groupe Cobra (1949-1951), elle est caractéristique de l’attrait du groupe pour l’expérimentation et la spontanéité, notamment à travers le dessin d’enfant. On y découvre des empreintes de feuilles arborant une maison bien trop petite pour ses habitants aux allures d’animaux fantastiques. L’impression à l’encre brune est colorée à la main avec du pastel, habillant de couleurs ces personnages hybrides.

Cette œuvre de Constant rejoint celles de CoBrA dont l’objectif est d’échapper aux dogmes des mouvements qui les ont précédés (surréalisme, abstraction géométrique, réalisme socialiste) et de régénérer l’art dans l’Europe d’après-guerre. Les membres de CoBrA sont des autodidactes qui ont découvert l’apport des artistes modernes au fil de leurs voyages et qui ont partagé cette recherche de liberté et de simplicité. Se détachant de la représentation de la réalité, ils puisent leurs sources et inspirations dans les arts premiers, l’art médiéval, les arts populaires, les graffitis, la calligraphie, les dessins d’enfants et de malades psychiatriques. À la recherche d’une forme de primitivisme, ils souhaitent remonter aux origines pour retrouver la liberté d’un enfant ou d’un « sauvage » qui n’aurait pas été perverti par des siècles de civilisations et de conventions.

Constant est né à Amsterdam sous le nom de Constant Anton Nieuwenhuis. Peintre et théoricien, c’est à Paris en 1946 qu’il rencontre Jorn avec lequel il partage idées et façon de peindre. En 1948, avec Appel et Corneille, ils constituent le Experimentele Groep in Holland (Groupe Expérimental Hollandais) dont Constant signe le manifeste qui paraît dans la revue Reflex n°1. Ce groupe rejoint ensuite le groupe CoBrA. Marqué par la Guerre, pendant laquelle il vit en clandestinité, Constant peint l’absurdité d’un monde qui lui répugne et son expression est considérée comme l’une des plus violentes et des plus déchaînées au sein du groupe. Après Cobra, abandonnant la peinture, l’artiste travaille à la conception d’une ville utopique, New Babylon, mêlant architecture, urbanisme et culture en toute liberté. Parallèlement, il participe à l’Internationale Situationniste et signe avec Guy Debord La déclaration d’Amsterdam définissant un urbanisme unitaire. Vers 1970, Constant revient à la peinture, abandonnant la recherche expérimentale pour se consacrer aux significations et aux symboles complexes qu’il utilise et qui sont liés aux thèmes du pouvoir, de la liberté et de l’amour. Il décède à Amsterdam en 2005 à l’âge de 85 ans.