Thomas Couderc
France, 1981
vit et travaille à Bruxelles
Les œuvres de Thomas Couderc sont vitalistes, elles débordent d’énergie que le format qu’elles adoptent peine à contenir. Flirtant avec le dérisoire, le miracle et la poésie jaillissent précisément de ce déséquilibre entre les moyens et les énergies engagés et la finalité ou le résultat escomptés. L’enjeu créatif est prométhéen, se développant avec des gestes simples et efficaces d’assemblage et de construction, au départ de matériaux trouvés, souvent bruts, pouvant d’ailleurs se confronter à des technologies de pointe, tels les drones. L’œuvre de Couderc est aussi traversée par des fascinations obsessionnelles pour des motifs spécifiques relevant souvent d’un référent culturel lié à l’enfance (l’ours, le cow‑boy…), déclinés de façon sérielle dans ses installations.
C’est ici le personnage de Wonder Woman qui sert de point de départ à l’installation. Thomas Couderc développe la geste narrative de l’héroïne sur de monumentaux troncs de bois taillés, dans un style rétro‑futuriste évoquant celui de civilisations disparues. Couderc revient ainsi en les monumentalisant, aux fondamentaux historiques de l’acte de gravure : il reprend en effet la technique des sceaux-cylindres mésopotamiens apparus vers la moitié du IVe millénaire avant notre ère. Ces troncs servent de matrices/rouleaux ayant marqué de reliefs éphémères les palettes de terre présentées aux visiteurs, dans un écho à l’origine mythique du personnage, qui aurait été sculptée dans la glaise par sa mère la Reine Hippolyta. La pauvreté des matériaux, le geste massif et brut, le rendu archaïsant de l’iconographie, la simplicité du dispositif contrastent avec la projection futuriste fantasmée de cette héroïne proto‑féministe et rédemptrice, imaginée par le psychologue américain William Moulton Marston en plein deuxième conflit mondial.
English
The works of Thomas Couderc are vitalist, they are overflowing with energy that the format they adopt struggles to contain. Flirting with the derisory, the miraculous and the poetic spurt precisely from this unbalance between the means and energies deployed and the finality or results hoped for. The creative endeavor is promethean, developing with simple and effective acts of assembly and construction from found materials, often raw, which may also be confronted with cutting-edge technologies, such as drones. Couderc’s work is also imbued with obsessive fascinations for specific motifs often relating to a cultural reference linked to childhood (the bear, the cowboy …), deployed in a serial fashion in his installations.
Here, it is the Wonder Woman character that serves as the starting point for the installation. Thomas Couderc develops the heroine’s narrative on monumental trunks of cut and brightly painted wood, in a retro-futuristic style reminiscent of lost civilizations. In doing so, his gesture refers to the very ancestors of all forms of engraving, the Mesopotamian cylinder-seals, which appeared around 3500 B.C.. These trunks have directly served as matrices/rolls marking ephemeral reliefs on the earthen palettes presented alongside them, which by the way echo the mythical origin of the character, who would have been sculpted in clay by her mother Hippolyta, Queen of the Amazons. The poverty of materials, the massive and raw gesture, the archaic rendering of the iconography, the simplicity of the set-up contrast with the fantasized futuristic projection of this proto-feminist and redemptive heroine, imagined by the American psychologist William Moulton Marston in the midst of the Second World War.