Les affiches ART?
Alain Buyse a sollicité plus de 80 artistes en suscitant de multiples questionnements sur l’art à travers la création d’une sérigraphie originale : “Qu’est-ce que l’Art ? “.
Alain Buyse a imprimé cet ensemble de 1997 à 2006 sur divers types de papiers. Il a sollicité plus de quatre-vingt artistes en suscitant de multiples questionnements sur l’art à travers la création d’une sérigraphie originale : “Qu’est-ce que l’Art ? “. Une multitude de 118 affiches correspond actuellement à leurs réponses, se déclinant comme une collection d’estampes qui aurait troqué son enjeu commercial au profit de son enjeu social ».
Alain Buyse et les affiches
Né à Bar-le-Duc en 1952, Alain Buyse vit et travaille à Lille depuis 1972. Initialement photographe, il s’installe comme artisan sérigraphe en 1983 et travaille pour des galeries locales ainsi que pour le Musée de Villeneuve d’Ascq. Innovateur et très impliqué dans les tendances les plus contemporaines de l’art actuel, cet imprimeur passionné réalise un vaste travail d’édition en étroite collaboration avec de nombreux artistes d’horizons et de pratiques artistiques différents. Alain Buyse a reçu le titre de « Maître d’Art » , décerné en novembre 2004 par le Ministre français de la Culture et de la Communication.
Les affiches ART ?
Alain Buyse a imprimé cet ensemble de 1997 à 2006 sur divers types de papiers. Il a sollicité plus de quatre-vingt artistes en suscitant de multiples questionnements sur l’art à travers la création d’une sérigraphie originale : “Qu’est-ce que l’Art ? ». Une multitude de 118 affiches correspond actuellement à leurs réponses, se déclinant comme une collection d’estampes qui aurait troqué son enjeu commercial au profit de son enjeu social ».
L’art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art
Cette définition optimiste de Robert Filliou ouvre la voie avec l’affiche n° 0 qui suscite chez le spectateur un regard éclairé. Elle vient en écho aux déclarations de Paul-Armand Gette (n° 1) pour qui l’art est « Sans doute un cadeau dont on ne sait pas quoi faire dès qu’il cesse de décorer le sweet home. Il devient alors une manière de voir et plus encore de penser dans la mesure où le public que nous sommes a encore envie de le faire ».
L’art, heureusement, n’est pas raisonnable
Les réponse en termes de slogans , comme celle de Mark Brusse (n° 23), renvoient à la vocation polémique de l’affiche et évoquent avec une certaine nostalgie les utopies de mai 68 : graffiti glanés sur les murs arlésiens (Tout est politique , Muntadas n° 28), morceau d’anthologie pour cours d’histoire de l’art ( Ceci n’est pas une fontaine, C. et V. Verlynde, n° 107) ou évocation littéraire
ART ?
La question et ses réponses peuvent prendre une forme symbolique comme dans le jeu de fléchettes contradictoires et coexistantes proposé par Jean-Marie Krauth (n° 25). Les icônes, tantôt espiègles (Jonier Marin, n° 7), tantôt offensives ( Alain Declercq , n° 112) prennent peu à peu la place des mots.
Qui c’est ?
« Une photographie montre un buste sculpté au milieu d’un jardin public (Elise Parré, n° 45). Postée derrière la statue, l’artiste recouvre de ses mains les yeux du visage de bronze. Au-dessous, on lit en lettres peintes : « QUI C’EST ? ». C’est une image, presque une parabole, qui permettrait de présenter le travail d’Alain Buyse, l’œuvre et l’homme. Ici, c’est en effet l’œuvre qui répond à la question de l’artiste : « qui suis-je ? ». Et ce n’est pas directement son œuvre qui est interrogée, mais celle d’un autre artiste – œuvre qu’il masque partiellement et, donc, partiellement dévoile. De l’artiste, on n’aperçoit que les mains, vivantes, créatrices, ce par quoi il est vraiment à l’œuvre ». Olivier Verseau, 2000
Learn to desire
« Caractère vulnérable de l’affiche d’art ! N’est-elle pas nue comme la peau ? La main qui s’en emparerait la déchirerait, pauvre membrane. Elle sera à tous, sinon à personne. Se consumera, ne sera pas consommée. Car elle ne satisfait aucun besoin, ne répond à aucune attente privée. Plutôt enseigne-t-elle le manque, le désir, l’ombre ».
Olivier Verseau, 2000
Tout doit disparaître
En affichant l’affichage commercial, Magali Claude (n° 46) ou Claude Closky ( n° 55) réduisent au silence de l’art la cacophonie du monde de la consommation.
Miguel Donvez, pour sa part, a choisi comme support des dépliants publicitaires (n° 116 et 118). Taroop & Glabel (n° 61), collectif artistique né en 1993, se donne pour vocation de mener une critique politique et sociale des dogmes contemporains, religieux, économiques ou politiques. L’engagement social de Taroop & Glabel prend les formes de l’appropriation et du détournement des codes de la communication.
Une fenêtre inquiète sur le monde
La fenêtre ouverte par Olivier Muzellec (n° 104) invite à la réflexion. Son inquiétude est-elle partagée par l’araignée suspendue de Daniel Dezeuze, ombre ténue oscillant dans l’embrasure exiguë concédée par le fondateur de Supports-Surfaces. Bernard Lallemand (n° 15) entrevoit une vie de rêve en soulignant les rapports ambivalents qu’entretient le monde scientifique avec la nature. L’image trompeuse de Jean-Sylvain Bieth, parée de couleurs paradisiaques, provient d’ une photographie récente prise au camp d’extermination de Majdanek en Pologne : c’est le mur d’ une chambre à gaz, témoin muet, rongé par le temps.
Autre regard circonspect avec Günter Förg dont l’objectif transperce l’architecture constructiviste de la Maison Melnikov à Moscou, entaillée d’étranges lucarnes.
Départ Image
L’envoi est donné par Eric Rondepierre (n° 96) par ailleurs photographe, comédien, réalisateur de courts métrages et de performances.
La bande dessinée, le dessin animé, la caricature sont revisités par Glen Baxter, Anne Brégeaud, Michel Herreria… Elisa Blanc-Bernard et Leroi David, qui travaillent outre-Atlantique ont contacté Alain Buyse par l’intermédiaire de Hervé Di Rosa dont ils ont été collaborateurs.
J’ai écrit à quelques artistes et les projets sont arrivés très vite, ne correspondant pas toujours à la notion que j’avais imaginée. Les artistes ne m’envoyaient pas des slogans ou des formules mais des projets d’estampes en plusieurs couleurs qui ne semblaient même pas toutes questionner l’art. J’ai quand même joué le jeu et édité les premières, étonné de la rapidité et de la qualité de leurs propositions.
Alain Buyse, février 2006
ALAIN BUYSE ÉDITIONS / SÉRIGRAPHIE – 12, RUE DES VIEUX MURS 59000 LILLE
Les sérigraphies originales
Pierre Olivier est le premier artiste avec qui Alain Buyse a travaillé en 1982, à partir d’une gouache intitulée Paysage .
« Cette première sérigraphie, très imparfaite, m’a ouvert la voie : il ne s ‘agissait pas d’un fac-similé, d’une copie standard mais d’une sérigraphie originale. (…) Le sourire de l’artiste voyant son œuvre se reconstituer à soixante exemplaires couleur après couleur et acceptant les modifications dues à la technique m’a enseigné cette notion fondamentale et m’a poussé à me dicter mes propres règles de travail et peut-être l’amorce d’une philosophie de l’estampe. La principale de ces règles, toujours valable aujourd’hui, est d’être juste dans la réalisation d’un estampe ». A.Buyse
Un myriade d’artistes, célèbres ou moins connus, jeunes ou expérimentés, ont suivi Pierre Olivier dans l’atelier de la rue des Vieux Murs à Lille : Jacques Villeglé, Alain Séchas, Daniel Nadaud, Glen Baxter, Robert Filliou, Carole Benzaken, Robert Combas, Hervé Di Rosa, Niki de Saint Phalle, Jorge Camacho, Antoni Tàpies, Luc Van Malderen, Ben, Claude Viallat …
Les livres d’artistes
A l’instigation de Gérard Duchêne, Buyse entreprend l’impression de livres d’artistes en 1985 et commence par une collaboration prestigieuse avec Michel Butor, rencontré pour la circonstance à Nice dans son « laboratoire d’écriture ». C’est alors la parution de L’appel du large, par Gérard Duchêne sur un texte de Butor. D’autres collaborations suivront avec Grisor et Durozoi, Véra Molnar, Paul-Armand Gette, Robert Barry, Aurélie Nemours… La revue Pièces, est publiée depuis 1986 grâce au concours d’artistes et d’écrivains invités à concevoir une page originale imprimée en sérigraphie. En 1988, une collection de livres d’artistes, E.A. , est entamée parallèlement à la création de la Galerie Épreuve d’artiste alors attenante à l’atelier, chaque exposition étant assortie d’un livre.
Hors des sentiers battus
Afin de transgresser les frontières pourtant très impalpables du monde de l’édition d’art, d’en enfreindre la fonction traditionnelle, Alain Buyse développe des projets spéciaux et atypiques, comme les affiches ART ? imprimées de 1997 à 2006 sur divers types de papiers. Dans le même esprit, une suite d’autocollants d’artistes au format de carte postale voit le jour en 1996.
Toujours dans le but d’impliquer un plus large public Alain Buyse organise des ateliers en milieu scolaire et éducatif. Très souvent, ces interventions sont consacrées à la création d’un livre original. Octobre 2005 a vu la naissance des ateliers d’éditions populaires où Alain Buyse accueille les participants sur simple inscription, les initie à la sérigraphie, édite leurs projets et leur accorde par ailleurs la même attention et la même prestation qu’à n’importe quel artiste.