16.09 → 17.12.2006
Intra-murosCuba s’affiche
Après les présentations des affiches chinoises, persanes et russes et au vu de l’intérêt manifesté par le public, notamment du scolaire secondaire, le CGII poursuit en 2006 cette politique d’exposition à caractère historique couvrant l’art du message graphique d’une culture spécifique. Il s’agit cette fois de présenter le monde très particulier des affiches cubaines, et particulièrement du monde du cinéma et de celui de la politique.
Cuba s’affiche 1960-2000
Issues de la collection privée de José Lambert, les quelques 160 affiches cubaines, sérigraphiées entre 1960 et 1999, témoignent de la grande activité culturelle de l’île. Le cinéma étant considéré comme l’outil indispensable de l’éducation et de la propagande, Fidel Castro créa, au lendemain du triomphe de la révolution, l’Instituto cubano del arte e industria cinématográficas (ICAIC) qui, jusqu’aux années 80, a produit plus de 300 longs métrages et films d’animation. Des graphistes renommés – Bachs, Azcuy, Niko – ont ainsi prêté leur talent diversifié en réalisant les affiches des films cubains mais aussi celles des films étrangers projetés dans les nombreuses salles de La Havane.
L’affiche politique n’est pas absente de notre exposition; célébrant la Révolution et ses nombreux anniversaires, elle nous dévoile aussi la solidarité cubaine avec tous les peuples opprimés par les dictatures et les guerres fratricides. L’Organisation de solidarité avec les peuples de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine (OSPAAAL) siège à La Havane et fait de Cuba « un éveilleur de conscience » s’adressant aux trois continents par le biais de ses affichistes.
Des affiches hautes en couleurs
Les affiches présentées dans l’exposition sont toutes issues de la collection de José Lambert, collectionneur et amateur d’art tant contemporain qu’ancien, d’ici ou d’ailleurs.
Cette collection commencée vers 1995 s’est étoffée au fil des ans et des nombreux voyages à Cuba. Composée pour la plupart d’affiches de cinéma de l’Instituto cubano del arte e industria cinematográficas (ICAIC) ou d’affiches politiques de l’Organisation de Solidarité avec les Peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine (OSPAAAL), elle comptabilise aujourd’hui plus de 700 pièces, pour la plupart déjà introuvables, ce qui lui donne une valeur à la fois esthétique et historique.
La démarche initiale, purement émotive – José Lambert est pris d’un véritable coup de cœur pour ces créations graphiques vues pour la première fois dans un entrepôt d’affiches OSPAAAL – va se muer en réflexion sur la qualité et la spécificité des affichistes cubains. La collection prend alors naissance. Elle s’étend avec les affiches de cinéma imprimées par l’ICAIC et suscite le sentiment d’un bonheur intense, d’un plaisir pour les yeux et la conviction certaine d’une « découverte », non démentie à ce jour, les affiches cubaines côtoyant les prestigieux meubles liégeois ou la statuaire médiévale européenne dans l’intérieur privé du collectionneur.
Si les affiches présentées ici sont des sérigraphies originales, il est bon de savoir qu’à l’heure actuelle, les affiches politiques historiques sont rares, voire inexistantes, et que la plupart des affiches de cinéma commercialisées sont des réimpressions réalisées dans les ateliers de l’ICAIC. Elles sont désormais destinées à entretenir l’image légendaire du cinéma cubain promulgué par l’Institut et à être vendues aux touristes en quête d’un souvenir moins évanescent qu’un cigare ou qu’une bouteille de rhum. Ces affiches se retrouvent tant comme objet de décoration d’un espace public ou privé que comme pièce de collection dans les tiroirs de l’amateur d’affiche, de cinéma ou d’admirateurs des héros de la Révolution.
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