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Nora Turato

Croatie, 1991
vit et travaille à Amsterdam

La pratique de Nora Turato est essentiellement performative et graphique. Elle explore la versatilité du langage et de ses flux comme matière première de performances parlées ou plutôt scandées et immersives.

Le médium de prédilection de Nora Turato est donc le langage et les mots dont elle utilise le potentiel visuel et symbolique pour réaliser des fresques ou compositions murales qui combinent différents registres de langage et styles graphiques et semblent s’inspirer tour à tour de textes de presse, de scénarios de cinémas, de tweets de chats ou d’extraits de clips vidéo. Elle rassemble ces « quotes » textuels dans la série de publications Pool dont le 4e numéro sera présenté au printemps 2021 au MOMA à New York.

Ses performances parlées sont un mix intelligent d’aphorismes et d’expériences et statements intimes, combinés à des analyses socio‑politiques percutantes qu’elle déclame sur un ton confinant souvent à l’hystérie logorrhéique. Ce faisant, elle exprime l’anxiété de notre société hyper‑connectée, gangrénée par un individualisme qui entraîne une combinaison paradoxale de dépendance avide à l’information et de déficit structurel d’attention. Sa position combat, en le contrefaisant, l’ordre patriarcal dans lequel la parole des femmes serait réduite au silence ou alors assimilée à l’expression de personnes déviantes, aliénées ou, précisément, hystériques. Les cinq affiches que nous présentons ici, réalisées pour la plupart en 2018, résonnent, non sans évoquer le contexte pandémique actuel, avec différentes problématiques contemporaines soulevées par l’exposition, en particulier le rapport que nous entretenons avec notre fragilité et notre mortalité.

English

Nora Turato’s practice is essentially performative and graphic. She explores the versatility of language and its flows as raw material for spoken or, rather, chanted and immersive performances.

Nora Turato’s preferred medium is therefore language and words, the visual and symbolic potential of which she uses to create frescoes or wall compositions
which combine different registers of language and graphic styles and seem to be inspired by press texts, movie scripts, chat tweets or video clips. She brings together these textual quotes in the Pool publication series, the 4th issue of which will be presented in spring 2021 at MOMA in New York.

Her spoken performances are an intelligent mix of aphorisms and intimate experiences and statements, combined with powerful socio-political analyses that she declaims in a tone often bordering on logorrheic hysteria. In so doing, she expresses the anxiety of our hyper-connected society, plagued by an individualism that results in a paradoxical combination of greedy information addiction and structural attention deficit. Her stance combats, by counterfeiting it, the patriarchal order in which the voice of women is silenced or assimilated to the expression of deviant, alienated or, precisely, hysterical people. The five posters that we present here, mostly produced in 2018, resonate, not without evoking the current pandemic context, with various contemporary issues raised by the exhibition, in particular the relationship we have with our own fragility and mortality.