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Katja Mater

Pays-bas, 1979
vit et travaille entre Bruxelles et Amsterdam

La pratique de Katja Mater, qui combine essentiellement photographies, films, et installations, procède d’un travail sur et avec le temps, avec les temps : le temps de l’observation, celui de la captation, de l’imbrication et de la superposition de ces derniers. En un sens, chez elle, tout instant est à la fois celui qui le précède et celui qui lui suit, dans une sorte de cristallisation condensée d’un continuum temporel et de mémoire. En un sens, son travail est éminemment bergsonien et proustien. C’est ainsi qu’elle recourt souvent à la pratique de la double exposition d’un même film photographique, qui lui permet de condenser plusieurs moments de captation sur un même print. Cette même porosité se retrouve dans une approche spatiale récurrente qu’elle donne à ses installations. Mater est en effet fascinée par les effets de miroir ou, a contrario, par des dispositifs se donnant à voir (et, par là‑même, se dérobant toujours partiellement) de deux côtés et, en quelque sorte se superposant dans la conscience et la mémoire du spectateur. Mater explique que ces fascinations et obsessions récurrentes qui sous‑tendent son travail trouvent leur origine dans la dyslexie profonde qui la caractérise depuis l’enfance, ouvrant la voie à la construction mentale de plusieurs possibilités d’association se déployant et se superposant dans le temps. Time is an Arrow, Error que nous présentons ici est une sélection de 8 prints issu d’une série de 79 cadrans d’horloges atypiques, déréglées, que l’artiste a développée pendant la période du premier confinement liée à la pandémie du COVID‑19. De son propre aveu, il s’agissait de donner une forme suggestive et subjective à cette perte de repères temporels habituels que l’isolement dans lequel la plupart de l’humanité se retrouvait plongée. Chaque print est réalisé de façon analogique, au départ d’un dessin d’un demi‑cadran d’horloge qu’elle prend en photo. Elle le translate ensuite en miroir ou par rotation, avant d’en retravailler ensuite les chiffres indiciels, pour donner corps à ce qui ressemble à un cadran complet. Quelque peu dysfonctionnels, ces cadrans à l’ordre giratoire habituel bousculé, font écho à la perception bousculée que nous avons pu avoir de nos agendas quotidiens. Toutes différentes et singulières, ces horloges expriment de façon simple la perception individuelle et subjective que nous avons de la durée, comme à souligner en effet que le temps n’est qu’une flèche sur un cadran (analogique) et que toute tentative d’objectivation séquentielle, absolue de ce dernier ne serait qu’une erreur.

English

Katja Mater’s practice, which essentially combines photographs, films, and installations, proceeds from working on and over time, over time: the time of observation, that of capture, of interweaving and of superimposition of these. In a sense, for her, every moment is both the one that precedes it and the one that follows it, in a sort of condensed crystallization of a continuum of time and memory. In a sense, her work is eminently Bergsonian and Proustian. In this way, she often resorts to the practice of double exposure of the same photographic film, which allows her to condense several moments of capture on the same print. This same porosity is found in a recurring spatial approach that she gives to her installations. Mater is in fact fascinated by mirror effects or, conversely, by devices showing themselves to be seen (and, therefore, always partially concealing themselves) from two sides and, in a way, superimposing themselves in the consciousness and memory of the viewer. Mater explains that these recurring fascinations and obsessions that underlie her work originate in the deep dyslexia that has characterized her since childhood which naturally opens the way to the mental construction of several possibilities of association unfolding or superimposing over time. Time is an Arrow, Error that we present here is a selection of 8 prints from a series of 79 atypical, disordered clock faces that the artist developed during the period of the first lockdown associated with the COVID-19 pandemic. By her own admission, it was a question of giving a suggestive and subjective form to the loss of the usual temporal reference points that the isolation, in which most of humanity found itself immersed, led to. Each print is made analogically, starting from a drawing of a half-dial of a clock that she takes a photo of. She then translates it into a mirror or by rotation, before then reworking the index numbers, to give substance to what looks like a full dial. Somewhat dysfunctional, these dials, with the usual jostled gyratory order, echo the jostled perception we may have had of our daily agendas. All different and unique, these clocks express in a simple way the individual and subjective perception that we have of duration, as to underline in fact that time is only an arrow on an (analogue) dial and that any attempt to its sequential, absolute objectification would only be an error.